Une manière de dessiner des doubles portraits ou de « se photographier » avec ses amis.
Lors de mon exposition personnelle à la galerie des Beaux-Arts à Paris en 1992, j’ai expérimenté pour la première fois cette installation : un fauteuil où les visiteurs sont invités à s’installer, une table basse sur la quelle est posé un électrocardiographe que l’hôpital Cochin a bien voulu me prêter, et une action qui se déroule au fur et à mesure que les visiteurs de l’exposition se prêtent au jeu.
Après avoir enregistré mon propre électrocardiogramme et l’avoir remis dans la machine, je prend l’électrocardiogramme du visiteur qui vient ainsi se surimprimer à coté de et par moment sur le mien. Une partie de la rencontre de ces deux lignes lui est offerte, les autres s’alignent le long du mur, rencontre après rencontre.
L’œuvre pourrait aussi s’appeler « Des histoires de cœur ».
L’expérience a été renouvelée à la médiathèque François-Mitterand à Poitiers en 1998, en partenariat avec le Confort Moderne sur une invitation de Dominique Truco.
Quelques-unes des « empreintes » ont été sélectionnées et, après avoir étés scannées, traitées numériquement et imprimées, elles constituent une édition originale.
La première fois que j’ai travaillé avec des électrocardiogrammes a été dans la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière à Paris en 1989. Sur les murs intérieurs de la chapelle et à 1,5 m du sol j’ai installé une ligne de presque 250 m de long, composée par l’alignement d’électrocardiogrammes de patients de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière que le service de cardiologie a bien voulu m’offrir.
Jason Karaïndros
Souvent déterminante, parfois décevante, durable ou éphémère, désirée ou pur hasard, le rencontre avec autrui est omniprésente au centre de nos vies.
Cette œuvre ne peut exister que si chacun d’entre nous le désire. Le cœur lent, rapide, régulier ou en chamade, l’artiste nous invite à sa rencontre. En prêtant individuellement notre pouls à son électrocardiographe, chacun écrit en duo avec l’artiste une brève histoire, très intérieure. Une fois saisie et dessinée sur le papier thermosensible, ce double mouvement de battement de cœur superposé, un fragment de cette rencontre est remis à chaque participant, l’autre conservé par l’artiste est exposé pour se donner à lire comme un poème abstrait.
Dominique Truco