Nous ne sommes pas ici
Installation , In situ , Politique

Un travail qui traite du contexte nucléaire en France en faisant écho à la catastrophe récente de Fukushima.
Installation de 19 drapeaux sur des mâts, Candes Saint-Martin, 2012, dans le cadre de l’exposition Des temps donnés, commissaire Gunther Ludwig.

Ce qui m’a le plus marqué à Candes, c’est le fleuve et son paysage, le confluent de la Loire et de la Vienne, sa nature sublime — et sa proximité avec la centrale nucléaire de Chinon.
En partant du plan officiel d’EDF, j’ai retravaillé numériquement le plan de chacune des 19 localités dans le territoire fluvial et maritime français où se trouvent une centrale nucléaire : Nogent, Chinon, Civaux, Le Blayais, Golfech, Tricastin, Cruas, Saint-Albin, Bugey, Fessenheim, Catennom, Chooz, Graveline, Penly, Palué, Flamanville, Saint-Laurent, Dampierre et Belleville.
Ces images sont presque des jolis logos, des pictogrammes abstraits mais ils sont basés sur une réalité et contiennent aussi une menace.
Graphiquement ils sont constitués de 3 éléments, une surface bleue ( les fleuves ou la mer ), une surface blanche ( le territoire ) et un point rouge ( l’emplacement de la centrale ). L’écho visuel au drapeau du Japon en fait un hommage suite à la catastrophe de Fukushima. Le clin d’œil aux cartes des ville et au fameux point rouge du « vous êtes ici » ont donné naissance au titre de l’œuvre. Le dispositif en ligne est là pour rappeler celui des grandes institutions politiques et économiques.
Dans l’idéal, le projet pourrait être constitué de 198 drapeaux correspondant aux 198 centrales se trouvant actuellement dans le monde entier.

« Nous ne sommes pas ici », de Jason Karaindros, prend la forme de 19 drapeaux, installés sur de hauts mâts dans le jardin de la maison de G. Joy et H. Dutilleux, face à la confluence. Les mâts disposés en ligne sur trois côtés du jardin, rappellent les alignements officiels de drapeaux que l’on retrouve dans nombre d’institutions internationales. A ceci près qu’ici, les lieux auxquels ils renvoient sont énigmatiques. L’emblème créé ne dit pas l’appartenance de tel ou tel.
Il ne s’agit pas seulement de dénoncer le nucléaire en France ou dans le monde, mais de s’interroger aussi sur la complexité du territoire, de nos sociétés contemporaines. Parmi ces 19 sites, les bords de Loire sont un exemple, mais au même titre que les autres : le vivant, la nature cohabitent tant bien que mal avec la technique des hommes, apparent paradoxe. Aussi, si le monde est fini, connu, l’ailleurs est encore possible dans le partage des situations vécues. « Nous ne sommes pas ici » dit quelque chose de l’équilibre instable qui est le nôtre et du danger de considérer que les questions posées appellent des réponses simples, univoques.

Gunther Ludwig